Les mots paysans : Estive, de Blaise Hoffman
Cet hiver, je suis retombée sur ce livre, lu en 2012. En le feuilletant à nouveau et en relisant quelques passages, je me suis souvenu du réel plaisir que j’avais eu en le lisant.
Je vous laisse lire le résumé de ce livre par Babelio et vous explique ensuite pourquoi j’ai aimé :
" Que fait un troupeau lorsqu'il est formé ? Il se déforme. Il faut le reformer. Je pense beaucoup à toi, Sisyphe ".
" Estive " est un récit où l'auteur romance un été de berger en charge d'un troupeau de moutons. Ce carnet de route dans une vallée alpine fait partager au lecteur, tout au long de rencontres inattendues, d'images poétiques et de réflexions philosophiques, le quotidien difficile des paysans et des bergers. Le livre n'est pas seulement un témoignage mais un " récit d'apprentissage ". Ce texte à l'écriture fragmentée, incisive et ironique, interpelle autant la dysneylandisation des Alpes que l'aspect devenu exotique des métiers ruraux de montagne.
_
Ce livre m’avait marqué de par le style d’écriture, très saccadée, simple et âpre. Les mots sont justes, les phrases sont courtes mais souvent émouvantes. Le sujet m’avait plu bien sûr et la vision de l’auteur qu’il peut avoir de la transhumance, de l’élevage, d’un troupeau m’avait touché. L’écriture, transcrivait aussi très bien le mode de vie : simple, factuel et tournée vers les animaux que l’on ne se lasse pas d’observer, de comprendre.
Je l’ai lu pendant la période où nous réfléchissions à notre changement de voie professionnelle. Entre un bilan de compétence, 2 mois de woofing et avant une formation professionnalisante. J’avais d’ailleurs repris un extrait dans mon mémoire que je vous lirai bien tiens:
« On obtient ainsi un troupeau, un organisme chaotique mais prévisible, une société précaire mais ordonnée, une système qui obéit à une équation dépendant de l’heure, de l’eau, de l’herbe, de la température, de l’appétit, du soleil et de quelques autres variables que j’aurai tout loisir de découvrir ces prochains mois.
_Eh les animaux !
[…]
Seul à exercer un métier qui « veut déjà venir », à expérimenter un schéma évident, une cosmologie petit format. Dans le troupeau, je suis dieu. Sur ce minuscule lopin de terre, j’expérimente la vie d’une petite société de mille membres, mille machines à vie qui consomment de l’eau, de l’herbe, produisent de la viande et des agneaux. Au sein de cette modeste société, j’ai l’arrogance d’un Prométhée qui croit dominer la nature et tire, à la place d’un autre, les ficelles de marionnettes vivantes.
L’état de grâce est fugace. »
Je vous le conseille vivement …
À bientôt !