Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La chou-fleur sème... les idées germent.
20 août 2016

Biodiversité et agriculture, l’utopie ? (2)

Nous avons converties nos terres à l’agriculture biologique à l’automne 2014. Pendant les quelques mois suivants, en suivant évolution de nos champs et nos cultures, je m’interrogeais sur la réalité possible de l’équilibre biodiversité -  agriculture comme je l’avais écrit ICI.

 Après presque 2 ans maintenant et suite à notre 2ème récolte, je m’interroge toujours mais avec un regard ébahi sur la nature et sa capacité à rebondir.

 

Coccinnelle, voeux de malheur pour les pucerons!

Les insectes et petits ravageurs

Lors de plusieurs « tours de plaines » dans nos champs, j‘étais abasourdie devant la diversité et le nombre  d’insectes dans nos champs. À chaque pas dans les cultures et en particulier la luzerne, il y avait au moins une coccinelle visible. La diversité d’araignée, de papillons,  de punaises, de carabes m’a vraiment scotché. Les tours de plaines sont maintenant une séance d’observation entomologique récréative.

Pucerons, limaces, ce sont des ravageurs que les agriculteurs conventionnels combattent chaque année à grand renfort de produit. Nous n’en mettons jamais. Les limaces ne sont jamais un problème et les pucerons sont totalement régulés naturellement. La nature s’autorégule rapidement apparemment.

Je parle de biodiversité visible, mais l’invisible, doit évoluer tout autant j’imagine: la biodiversité du sol, les « fongi » doivent changer en même temps, du fait de l’absence de produit phytosanitaire. 

 

Une inconnue en habit de lumière, strass et paillettes.

Depuis le semis de luzerne en aout 2014, la culture s’est fait envahir par des mulots. Ce qui est très gênant car les mulots creusent des galeries, mangent la végétation et les racines de la plante et font diminuer ainsi le rendement et la durée de vie de la culture. Ceux-ci ont commencé à prendre place dans la prairie depuis.

Méga punaise sur méga feuille de rumex (une mauvaise herbe très génante).

Notre technicienne bio du groupe d’agriculteurs bio auquel nous adhérons est venue voir la luzerne et était tout aussi démunie que nous. Aucune solution ne pouvait être mise en place pour réguler les mulots et limiter l’invasion… à part : mettre des piquets de bois pour faire venir les rapaces, prédateurs des mulots et favoriser la régulation naturelle de ces bestioles.

Nous avons donc posé des piquets de bois et lors de nos ballades cet hiver dans les champs, il s’avérait que les rapaces venaient régulièrement aux vues de pelotes de réjections qui gisait aux pieds des piquets de bois. Nous observons d’ailleurs souvent un busard Saint martin, un rapace un peu plus rare que les courantes buses et éperviers.

De plus, depuis plusieurs mois des hérons ont commencé à faire leurs emplettes dans notre prairie et manger les mulots. Je suis surprise de leur arrivée massive et rapide et contente que finalement cela permette une régulation naturelle.

Combat d’araignée ….attention !

biodiversité végétale : variétés, diversité, mauvaises ou bonnes herbes.

La biodiversité est aussi végétale. Après plus de 30 ans en agriculture conventionnelle, les mauvaises herbes ont bien sur refait leur apparition dans nos champs. Nous les gérons en désherbant mécaniquement nos cultures. Mais, moi, qui n’ai jamais vu de coquelicot dans un champ de mon père, la vitesse de réappropriation de ces mauvaises herbes dans nos cultures me bluffe ! Et à cette récolte, j’ai d’ailleurs vu quelques bleuets, une flore messicole qui a quasiment disparue.

Depuis un an et demi, j’ai pris un certain recul en discutant avec d’autres agriculteurs bios. Sans vouloir totalement accepter les mauvaises herbes, ils tentent de les gérer dans leur globalité sur le système de culture et à l’échelle d’une rotation. Ils prennent donc une stratégie sur plusieurs années et agissent chaque année. Ils vont d’ailleurs avoir une action méticuleuse sur les vivaces les plus ennuyeuses telles que les chardons ou les rumex qui envahissent très rapidement les cultures.  Après plusieurs années d’expérience en bio, certains se foutent parfois totalement de certaines mauvaises herbes qui ne sont pas gênantes pour le rendement ou la qualité de la culture. À l’inverse, les agriculteurs conventionnels  ne veulent vraiment plus rien voir dans leurs champs et non aucune acceptation. Cependant j’ai l’impression que l’aspect visuel est très important pour eux. Le champs, doit etre « propre », vous vous souvenez ?

Compagnon blanc et séneçons dans notre luzerne. Après la première coupe de luzerne, il n’y a plus de mauvaises herbes donc il n’y a plus de « soucis » d’envahissement.

Nous parlons de biodiversité innée, mais la biodiversité agricole est tout aussi sérieuse. Alors que sur la même surface, mon papa cultivait uniquement 2 cultures différentes, nous cultivons  pour nous 8 espèces végétales différentes sans compter  la prairie qui est constitué d’un mélanges d’espèces végétales (3 à 4) ni les couverts végétaux semé en été entre 2 cultures (association de 2 à 3 espèces végétales). La terre est donc utilisée par une diversité de plantes et donc de racines qui vont explorer le sol différemment ou favoriser certains insectes.

Les fleurs de féveroles, à l'odeur énivrante...

 

Phacélie  jolie, une espèce végétale très méllifère semée en tant que couvert, entre 2 cultures.

 Le gibier

Nous avons à l’automne dernier aménagé autour de nos champs, le long de nos voisins des bandes enherbées de 4 mètres de larges. Ceci nous prend une certaine surface non cultivée et nous pénalise, cependant nous voulions absolument éviter les contaminations de nos cultures par les pesticides par contact direct ou ruissèlement lorsque nos voisins pulvérisent leurs cultures. Ces bandes enherbées demandent un entretien. Mais je suis contente de les  avoir installés car c’est aussi un refuge en été pour les oiseaux et le gibier. Après la moisson, il n’y a plus aucun refuge, vu le peu de haie dans le coin. J’espère que nous aurons l’énergie bientôt pour planter une haie (près de 1000mètres à planter !).

Et l’effet élevage…

Le retour d’un élevage dans une ferme est aussi apporteur de biodiversité je crois. En effet, les hirondelles reviennent chez nous, du fait de la présence de petites mouches, moustiques autour des animaux. C’est souvent un ballet de dizaines d’hirondelles. Et ces derniers temps, j’ai observé qu’un certain papillon de nuit énorme se cachait dans mes bottes de paille. Je ne l’ai pas encore identifié mais il m’intrigue.

Cette semaine je viens de commencer à lire un livre : Permaculture, de Perrine et Charles Hervé- Gruyer.  Tout juste quelques pages parcourues et une phrase de la préface m’a interpellé : "Il semble que là où la nature est respectée, la vie s’y épanouit avec une énergie décuplée." Je le crois !

Publicité
Publicité
Commentaires
T
C'est vraiment génial de lire votre parcours, et de voir revenir la biodiversité chez vous.<br /> <br /> Je l'ai à peine fini ce bouquin tellement je l'ai savouré, c'est un vrai bonheur !
Répondre
C
C'est beau ce que tu écris. Ca remplit d'espoir... Quelle belle aventure!
Répondre
Publicité