Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La chou-fleur sème... les idées germent.
6 mars 2016

Paysanne !

Alors voilà….depuis la mi janvier, je suis officiellement paysanne, agricultrice, chef d’exploitation associée …peu importe le terme… je le suis à temps complet !

J’en ai pris pleinement conscience lorsque j’ai paillé pour la première fois le batiment que nous avions préparé pour recevoir nos chèvres.

Pour vous retracer un peu le parcours : nous avions pris notre décision de devenir agriculteur à l’été 2011. J’avais quitté mon boulot de cadre en février 2012 et après 4 ans de parcours, formations spécialisées, boulots temporaires, formalités administratives, attentes, essais et erreurs d’installation ailleurs, visites de fermes à vendre, retour à la ferme d’origine, tâtonnements… je suis enfin vraiment agricultrice (un an après mon amoureux).

Lorsqu’on regarde en arrière, on a l’impression d’avoir déjà fait un long chemin, comme un premier aboutissement….On parle d’ailleurs dans le jargon agricole du « parcours à l’installation ». Car c’est un parcours, plus ou moins fléché, comme une piste à suivre, un jeu de l’oie ou on avance, on recule selon le contexte.. .

Mais en fait, tout commence seulement ! L’aventure débute, le travail à abattre quand on regarde devant peut donner une impression de vertige. Il ne faut pas tout calculer, sinon, on ne le fait pas. Juste avancer, pas à pas, fidèle à ses volontés premières et en jaugeant le risque de ne pas tomber à chaque marche.

 

Premier shooting photo pour Magnifique, une des plus douces du troupeau.

Et le jour de mes 30 ans, une bonne cinquantaine de petites biquettes sont arrivées à la ferme. Elles avaient entre 15 jours et un mois. Alors, après 3 semaines qu’elles sont là, certaines choses ont déjà bien changé :

    On se fait du souci et on ne dort pas beaucoup quand elles ne vont pas bien.

    On prend du muscle : pailler, porter les seaux de lait pour les nourrir… mes bras s’arrondissent!

    On se fait mal au dos si on a prévu une installation pas si ergonomique !

    On a faim. Les 2 premières semaines j’ai perdu 3 Kilos et je peux vous dire qu’il ne faut plus trainer à manger le midi, ni se mettre en travers de mon chemin quand j’ai décidé d’aller manger ! Le déjeuner  chez nous, maintenant  c’est à 12h tapante! Et attention, on prend 2 petits déjeuner s’y ou plait m’dame !

    On trouve des noms farfelus….53 noms commençant par M, faut trouver tout de même ! Milk Shake, Malavida, Mister Freeze….

    On bichonne et on est gaga : comprenez, une cinquantaine de bébés chèvres à cajoler. Lorsqu’elles ont bien bu leur lait, je reste un peu avec elle, les observe tranquillement, vérifie que tout le monde va bien, et puis les câlins ça vivifie !

Magnifique n'est ce pas?

    On a le droit à un massage anticellulite quotidien gratuit. Lorsque j’amène les seaux de lait, elles se jettent toutes sur moi. Mes cuisses et mes fesses sont martelées par pleins de petits sabots. Là ça va, elles font environ 10 Kilos, mais je redoute un peu la suite…

    On porte une cote de travail.Sans déc’, je ne voulais pas car c’est vraiment pas glam’ ! Mais les chèvres adorent se jeter sur nous et manger nos habits. La première semaine, je lavai mes vêtements de travail tous les jours…ras le bol….la cote est vite devenue une obligation si pratique.

    On teste la solidité de ses installations ! Sur les 4 râteliers en bois que j’avais fabriqué pour elles, un s’est déjà fait broyer après 3 semaines d’utilisation ! Sous leur airs angéliques, les chèvres sont des traitres. Elles trouvent toutes tes failles !

    On se fait faire un brushing d’enfer tous les jours. Je ne savais pas que mes cheveux avaient la texture du foin. Quand je me baisse les biquettes adorent me les manger, le bonnet ou le bandeau me les sauve un peu !

    On réfléchit à fond. Il y a toujours un petit truc à régler, un point technique, quelque chose à modifier, améliorer…

    On prévoit….Mon père me répétait sans cesse qu’il fallait toujours prévoir... Je le trouvais rabat-joie. Je comprends maintenant et j’ai fait quelques erreurs déjà. Toujours prévoir à l’avance. Sinon on tombe en rade, le bec dans l’eau.

    On sourit ! Avec la vente à la ferme le vendredi soir, après la journée de boulot, on ne fait pas la gueule…non… on sourit ! Et c’est un plaisir de sourire, car son sourire ramène beaucoup de sourire en échange des gens. Le sourire nous illumine le cœur. Le sourire à un grand pouvoir, sur soi, sur les autres… je ne le savais pas avant et je le confirme de semaine en semaine!

    Et puis surtout… on décide !

Ce dernier point est  hyper important. Je crois que c’est la chose la plus flagrante depuis mon installation. Lorsque j’étais jeune, j’avais un mal fou à trancher. Mes premières expériences pro m’avaient déjà changée. Mais là, plus de place à l’hésitation, j’ai l’impression de devoir trancher tous les jours, parfois sur des grosses décisions avec un risque économique possible derrière, régulièrement sur des petites décisions qui ont aussi une importance plus insidieuse, notamment quand on gère des animaux. Alors on pèse le pour le contre, on échange avec mon homme, on argumente, on hésite un peu, on se renseigne, mais au final, il faut se décider. La réactivité est importante et ne nous laisse pas l'esprit tranquille.

 

Avec Lucky, une boule d’énergie et de douceur.

Je crois que ce qui me fait finalement un peu bizarre, même si j’en avais pleinement conscience,  est le fait de savoir que je n’aurais quasiment plus l’occasion de prendre mon temps le matin. Même si je ne pratiquais pas la grasse mat’, il m’arrivait de prendre le temps de lire dans mon lit au réveil ou de trainer un peu en pyjama le dimanche….c’est fini…les chèvres t’attendent maintenant… !

Bon dimanche…

Publicité
Publicité
Commentaires
T
C'est vraiment chouette de lire ton enthousiasme, ton bonheur !<br /> <br /> Très heureuse pour toi !
Répondre
L
Bravo! On est si heureux pour vous!<br /> <br /> Et que vos photos sont belles.<br /> <br /> Gros bisous
Répondre
F
Bon courage à toi. .et belle journée
Répondre
O
Chouette retour sur votre parcours d'installation, ça doit faire bizarre d'y être enfin. Pour la cote, ado quand je bossais avec mon père, je l'avais customisée pour avoir un uniforme bien utile mais un uniforme à mes couleurs. J'ai du inaugurer mes premiers appliqués à la main à ce moment là.
Répondre
F
Photos magnifiques, jolis mots... Bon courage et plein de bonheur dans cette si chouette aventure !
Répondre
Publicité