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La chou-fleur sème... les idées germent.
2 avril 2015

Ode au Printemps

Le printemps arrive. Tous les signes sont là.

Les bourgeons odorants et blanchâtres du cassis nous émoustillent les narines.

Les oiseaux chantent maintenant dès 5h30.

Le beau faisan est revenu à la ferme pour se restaurer tous les jours au tas de blé.

Les pigeons ramiers retissent leurs nids et roucoulent dans la glycine.

Tôt ce matin, 3 lièvres se battaient en plaine au soleil.

Les pics épeiche réapparaissent et vont bientôt faire résonner le noyer de leur martèlement.

Les fleurs de saule éclosent timidement avec les dernières gelées matinales.

La terre ressuie et blanchie sous la chaleur des après-midi.

Bientôt, les pois de printemps semés vont rayonner.

Les pois d’hiver encore rosis par le froid se réveillent.

Et les blés dressent à nouveau leurs feuilles vers le soleil sous la rosée du matin.

La lumière du matin les magnifie.

Le printemps est magnifique.

 

Et les blés dressent à nouveau leurs feuilles… C’est seulement ce que certains voient.

Et les pulvérisateurs commencent leurs danses machiavéliques et brumeuses dans les champs.

-

Le printemps est une période de forte activité pour les agriculteurs. Les semis de printemps (pois féveroles, orge, betterave, maïs…) battent leur plein. Et les agriculteurs conventionnels sont encore plus stressés. Le dégel du pulvérisateur marque la reprise d’activité. Ils le sortent pour épandre l’azote minéral dans les champs… ainsi que pour épandre les produits phytosanitaires : insecticides, fongicides, herbicides et régulateurs de croissance.

Pour les agriculteurs conventionnels, le printemps est synonyme d’agression pour les cultures: maladies fongiques, insectes…. L’une des cultures la plus consommatrices d’intrants phytosanitaire est le colza. La plante n’a pas eu le temps de se relever et de dire ouf après l’hiver, les insectes sont déjà là ! Et BAM, un coup de cythrine sur leur tête pour détruire le moindre insecte qui voudrait se balader au soleil et piquer le colza !

Dans mon travail actuel (la semaine), je dois, entre autres, suivre des cultures conventionnelles (blé et colza) au niveau sanitaire. Je m’explique : toutes les semaines je vais dans la parcelle et observe la culture de l’agriculteur dans le but de voir si des maladies ou des insectes arrivent. Ceci est réalisé sur des dizaines de parcelles au niveau départemental afin de faire des statistiques et d'en informer les agriculteurs.  

Cela semble anodin à priori…. C’est le vrai stress  pour moi !

N’étant pas au courant si l’agriculteur a fait un traitement juste avant que j’arrive, je ne sais pas s’il y a un risque lorsque je suis dans le champ de respirer ou toucher le produit déposé sur les feuilles! Malgré mes demandes pour m’informer de cela, je ne le sais pas…En fait, il est censé y avoir un délai d’entrée dans la culture selon chaque produit (mentionné sur l’étiquette) après que celui-ci ait été épandu sur les cultures.

En discutant avec une collègue qui a le même travail, je réalise qu’en fait, les femmes s’inquiètent d’autant plus de cela et tentent de se protéger. Allez savoir…. notre rôle dans la procréation peut être ?

Résultat : lorsque je sors sur la parcelle, je suis armée de gant en nitrile et depuis la semaine dernière … de cuissardes de pêche ! Autant dire que c’est very ultra sexy. Tout cela est ridicule et chaque lundi je ne suis pas sereine.

Comment font les agriculteurs pour ne pas se protéger des produits phyto? Beaucoup ne mettent aucune protection pour préparer ou épandre ces produits. Ni gant, ni masque ni tablier. Comment font-ils pour oublier leurs effets néfastes? Est-ce seulement l’effet de « dissonance cognitive » comme l’explique Save the green dans son article ? L'objectif de vitesse de travail prend-il autant le dessus sur la santé?

Tous les lundis, cela me confirme que nous avons fait le bon choix avec mon amoureux de nous installer en agriculture bio.

Lorsque nous brassons les semences à mains nues pour préparer nos mélanges de semis, nous n’avons pas à avoir peur. Contrairement aux agriculteurs conventionnels qui traitent leurs semences avec du Gaucho.

Lorsque nous marchons dans nos champs et à n’importe quel moment, nous n’avons pas peur. Quand je touche les plantes et la terre, je n’ai pas peur non plus. Je pourrais même me rouler nue dans nos blés, aucun problème !

Je peux apprécier pleinement le printemps. Lorsque je regarde nos cultures, la beauté n’est pas fausse. Elle ne cache pas un produit rémanent nocif en son sein.

 

Bon printemps à vous...profitez bien de ces belles journées et de ces lumières matinales.

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Commentaires
T
C'est drôle je suis en train d'étudier ça en ce moment. C'est ce mécanisme d'auto-défense (provoqué par la dissonance) qui pousse beaucoup de gens à fermer les yeux, pour se sentir bien dans un système où ils estiment avoir peu de choix et d'impact.<br /> <br /> Et comme le dit Mathurine, ça s'applique à énormément de choses, malheureusement.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais des pensées pour tes lundis....
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M
Magnifique article ! Rien à ajouter, sauf peut-être : oui, vous avez fait le bon choix, pour vous-mêmes, pour vos clients, pour vos voisins, mais aussi ceux qui vivent un peu plus loin, pour les nappes phréatiques... Et puis, si, continue de te protéger, même si tu as l'air trop protégée, ou trop stressée... car des agriculteurs, qui essayaient d'en mettre "moins que les autres" comme dit Claire, et qui étaient plutôt pour le raisonné et la Conf', il y a encore quelques années, et bien j'en connais un certain nombre qui ont développé des cancers bien saugrenus (de l’œil, des muscles, etc.). Et donc, merci pour ce choix !
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F
Ah merde, ça gâche le plaisir de devoir travailler de la sorte. Mais tu prends de bonnes précautions ça va le faire. Pour ce qui est de la procréation, ma foi en te roulant nue dans vos champs avec ton homme ça devrait le faire aussi :)))
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M
C est tellement dramatique d avoir à se protéger de toxiques dans une parcelle, ou en manipulant semences ou plantes...<br /> <br /> Très bonne idée les cuissardes !<br /> <br /> Merci pour le lien sur la dissonance cognitive , les biais cognitifs me semblent effectivement une bonne piste de compréhension sur la question du pourquoi des gens honnêtes continuent à croire et à appliquer des protocoles toxiques pour eux, leurs cultures et ceux qui ils nourrissent.<br /> <br /> Chaque agriculteur bio prouve que autre chose est possible. Espérons en l effet apaisant et rassurant du c est possible.<br /> <br /> Doux printemps à vous!
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P
oh, comme ce que tu dis confirme mes propres peurs, alors même que je ne suis que "voisine" de tout cela, et pas du tout actrice ... mes propres grands-parents étaient agriculteurs en conventionnels et se félicitaient toujours "d'en mettre moins " que leurs voisins ... mouais, moi je trouve que c'était encore beaucoup beaucoup trop ... et quand je pense qu'enfants, on mangeait leurs fruits directement dans l'arbre sous prétexte que c'était "ceux de pépé" ... maintenant j'épluche tout ce qui ne vient pas de mon propre verger ... j'imagine sans mal le stress que tu vis, surtout quand on se sait entouré de gens qui, au mieux sont indifférents à nos préoccupations, au pire les tournent en ridicule ...
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